Des nouvelles du Niger et des habitants du désert

Au mois de décembre 2019, deux classes de 6e ont eu la chance de rencontrer le Président de l’association AET (Association des éleveurs du Ténéré), Doutchi Mahamane. Nous l’avions convié au collège Jean Perrin afin qu’il présente les missions et les actions de l’association qu’il dirige et pour témoigner de la vie des habitants du village de Tagoudoum (910 habitants en 2015), situé à 210 km de la ville d’Agadez au Niger et à 40 km de la commune d’lngall, chef-lieu auquel il est rattaché.

L’association AET France-Niger, en France, a pour objet le soutien aux projets menés par l’Association des Éleveurs du Ténéré dans le village de Tagoudoum. Elle se préoccupe particulièrement de l’éducation des enfants et des jeunes, et du développement économique durable du village. Elle soutient également tout ce qui favorise l’entraide et la promotion du patrimoine culturel des éleveurs.
Cette association est à la fois financée par des dons, par des subventions ainsi que par les bénéfices réalisés sur les ventes de bijoux fabriqués par des bijoutiers touaregs du Niger qui, ainsi, peuvent vivre de leur métier et conserver leur savoir-faire.

L’intervention de Doutchi Mahamane a permis aux élèves de mieux comprendre ce que signifie de vivre dans un espace à fortes contraintes naturelles comme le désert du Sahara et ils ont pu enrichir leurs connaissances dans le cadre de l’étude du thème de géographie intitulé « Habiter un espace de faible densité  ». Divers sujets ont été abordés comme le climat, le logement, l’alimentation, l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux nouvelles technologies d’information et de communication ainsi que l’éducation des jeunes.
L’intérêt étant de montrer aux élèves comment les sociétés s’adaptent aux espaces les plus contraignants et de leur faire appréhender au travers les diverses missions des bénévoles en France, une forme d’engagement citoyen et les actions favorisant un développement durable et responsable en référence aux 17 ODD (Objectifs du développement durable) régulièrement convoqués dans le cadre de leurs apprentissages en géographie.

Les collégiens comme les personnels de l’établissement lui ont porté un vif intérêt et un accueil dont il garde un excellent souvenir.
Aujourd’hui, nous donnons de ses nouvelles, à la demande de certains élèves qui se sont interrogés sur la vie des habitants de Tagoudoum durant cette période si particulière liée à la pandémie du Covid-19 que nous avons tous vécue.

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Le Niger et Tagoudoum en ce premier semestre 2020

1) Les conséquences économiques et sociales
Comme dans le monde entier, le Niger a été, et reste encore bouleversé par la pandémie du Covid-19. Peu de cas, mais des craintes qui ont entrainé un confinement dévastateur pour le pays. Comme chez nous en France, les écoles ont été fermées, le travail s’est en grande partie arrêté dans les villes. Les transports collectifs ont été mis à l’arrêt, dans un pays où rares sont les gens qui possèdent une voiture. Les frontières ont été fermées et les denrées alimentaires de base, qui viennent pour beaucoup de l’étranger, n’arrivent plus.

Pour un petit village très isolé comme Tagoudoum, c’est très difficile car les habitants n’ont pas de réserves : plus de riz ou de mil à acheter au marché, pas de camion pour les faire venir de loin, pas de transport pour aller chercher le nécessaire, pas d’aide ni de l’État ni de grandes ONG. Personne à qui vendre le bétail, et donc pas d’argent pour acheter quoi que ce soit.

2) Le quotidien de Doutchi et des habitants de Tagoudoum
Doutchi, qui travaille à Niamey et y réside régulièrement, a décidé d’aller se confiner avec sa femme et ses enfants dans sa famille à Tagoudoum. Pour que les familles du village puissent se nourrir, l’association AET France-Niger a décidé de verser 5 500€.
Ainsi, Doutchi sur le trajet, a pu acheter une base de nourriture qu’il a fait transporter au village. Ce fut un grand soulagement pour tous : comme on le voit sur les photos, chaque famille a reçu un sac de mil, un sac de riz, une bouteille d’huile et des condiments pour faire des sauces.
Par ailleurs, le maraîchage (sur un petit terrain dont la clôture vient d’être refaite par l’association) a débuté, très doucement car c’était la saison sèche et l’eau à 90 mètres de profondeur, coûte très cher (la saison des pluies commence en juin ; c’est en début d’automne que les récoltes sont les meilleures). Des fruits et légumes ont été récoltés, distribués aux familles les plus en difficultés. En revanche, le forage essentiel à la vie du village est tombé en panne : pendant un temps, c’est donc l’eau du puits qui a été bue par tous. Heureusement, il a pu être réparé !

Nous prendrons bien sûr encore d’autres nouvelles des habitants de Tagoudoum et nous remercions encore chaleureusement tous ceux qui se sont intéressés de près ou de loin à cette association. Pour plus d’informations à son sujet, n’hésitez pas à consulter le site internet dédié : http://aet-france-niger.fr/